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L'HISTOIRE DES PROTHèSES à TRAVERS LES AGES

I) De la Pré-Histoire à la Renaissance

 

          Les premières prothèses apparaissent à la Préhistoire, du temps où l’Homme commence à se tenir sur deux jambes. La préoccupation première de l’époque est alors de sauvegarder cette tenue verticale, qui s’avère bien plus pratique pour l’évolution de l‘espèce dans son environnement. L'instinct de survie étant primordial, l’Homme a cherché un moyen de conserver cette posture, quand bien même un de ses membres lui était substitué.

 

          En effet, les Égyptiens ont développé la technique d’amputation, et ce dès 3000 ans avant J.C. Ils appuient alors leurs pratiques sur l’histoire de la momie d'une femme morte qui fut amputée de son orteil droit, remplacé par une prothèse en bois sculpté. La dite «prothèse» était composée de trois parties et maintenue par une gaine en cuir cousue. Conservée au musée du Caire, les traces d'usures observées témoignent de son utilisation passée. De plus, les chercheurs admettent qu'elle permettait un mouvement bien reproduit de l’organe original.

         

          D’autre part, un livre sacré hindou mentionne Vishpala, une femme amputée de la jambe à la suite d’une bataille. Elle fut ainsi dotée d'une jambe de fer qui lui redonna accès à la marche. Ce récit remonte à 1500 ans avant Jésus Christ, et témoigne de la première référence répertoriée d’un objet qui remplit les fonctions élémentaires de la prothèse.

 

         

 

 

         

 

 

 

 

 

 

 

Prothèse de l'orteil d'une égyptienne datant de 3000 ans

 

          Au Vème siècle avant J.C, les romains et les grecs s'intéressent eux-aussi aux prothèses. En effet, en 1858, on découvre un membre artificiel au Sud de l'Italie sur le site romain de Capua. En cuivre et en bois, cette prothèse antique semble avoir été destinée à un individu amputé en-dessous du genou.

          Les philosophes de l’époque témoignent de la diffusion de ces pratiques : Hérodote, grand historien grec, conte l'histoire de Thereupon Hegesistratus d’Elée qui, pour échapper aux Spartes, s'amputa la jambe et se fit une jambe de bois.

Dans la mythologie grecque, Déméter mangea sans le vouloir l’épaule de Pélops, cuisiné par l’infâme Tantale. Les dieux découvrant l’infamie du piège, rendirent la vie à Pelops.  L’épaule étant incomplète, Déméter lui en fit une en ivoire.

         

          L’époque du Moyen Age ne présente, quant à elle, pas d’avancée majeure.

          Les prothèses les plus populaires étaient des pilons qui faisaient office de jambes, accompagnés de crochets qui substituaient les mains. Ces prothèses en bois, en fer ou en cuir avaient un but purement fonctionnel. Seules les populations riches pouvaient s’offrir des appareillages plus sophistiqués. Cependant, ces derniers s’avéraient si encombrant de par leur poids, que ces prothèses furent elles aussi laissées à l’abandon.

          De plus, dans un contexte religieux peu propice aux découvertes, le cadre thérapeutique a été grandement négligé, et explique cette absence d’avancées. 

L'époque, peu encline à la communication et à la manufacture, a laissé peu de traces :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Prothèse non-articulée mais sophistiquée du Moyen-Age                                        Crochet pour remplacer une main

 

          À la Renaissance, les prothèses sont réinvesties par les chirurgiens. De nouveaux modèles et dispositifs vont être ainsi inventés et utilisés jusqu'au XXème siècle.

II) Recherches et Avancées

 

 

      Le domaine des prothèses a connu plusieurs phases d'avancées majeures, portées notamment par de grands noms français.

          Ambroise Paré (1510-1559) est un chirurgien français qui inaugura de nombreuses techniques d'amputation dont la ligature des vaisseaux et la cautérisation au fer chaud. C'est aussi le créateur des armatures métalliques, des membres artificiels tels que des pilons articulés et des cuissards à pilon. Le chirurgien cherchait à reproduire le mouvement naturel grâce à la mécanique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 Pilon articulé

 

          Les guerres, du fait du nombre impressionnant d'amputés et de démembrés mais aussi de brûlés et de mutilés, ont permis, dans un second temps, l'essor des technologies prothétiques et des entreprises qui les conçoivent. L'apparition de la poudre à canon sur les champs de bataille engendre également une augmentation du nombre de blessures et d'amputations.

          De cette façon, la guerre de Sécession (1861-1865) entraîne de nombreuses amputations.

Grâce à la découverte de l'anesthésie, des opérations plus longues peuvent être pratiquées. Le gouvernement offre également un soutient financier et le domaine prothétique fait des progrès. Cette période a amorcé la naissance de dizaines voire centaines d’entreprises spécialisées, alimentées par un gouvernement soucieux des vétérans (env. 30 000 amputés).

          Les premières prothèses de hanche datent de 1922 et sont posées en France par les frères Jean et Robert Judet. Ces prothèses en méthacrylate de méthyle ont eu un très grand succès, surtout en Angleterre où elles ont pris le nom de Prothèses de Moore.

 

 

 

 

 

 

           Prothèse de hanche en méthacrylate de méthyle

 

          Ensuite, les deux Grandes Guerres Mondiales, l’importante mobilisation des vétérans et l’aide financière du gouvernement permettent un nouvel essor dans l’industrie des prothèses. De grandes entreprises mènent des recherches fructueuses : vers 1950, c’est la création du pied de type SACH (Solid Ankle Cushion Heel), un pied souple en mousse de néoprène. Le pied SACH est un pied en caoutchouc et sans articulation. Il est très résistant mais convient surtout pour des personnes peu actives. Dans un second temps, vers 1960, un genou articulé apparaît, puis, en 1970, un genou hydraulique est mis au point. Le genou hydraulique a la caractéristique de projeter la jambe vers l’avant à l’aide d’un cylindre hydraulique, c'est-à-dire un cylindre qui contient un liquide propulsé par des valves. L’unité hydraulique contribue à rendre le mouvement de projection de la jambe plus naturel.

 

          En conclusion, les guerres, malgré les tragédies, ont eu le mérite de permettre un grand développement de l’appareillage.

         Depuis les années 1980, les avancées techniques de la chimie des matériaux, de l’électronique et de l’informatique vont changer la donne. Inexorablement, les prothèses deviennent plus légères (titane), plus résistantes (carbone), plus petites et, parfois, contrôlables par la pensée grâce à l’ajout d’électrodes et d’un ordinateur. C’est aussi bien le cas du pacemaker, de la rétine électronique, de la peau artificielle (sensible au toucher grâce à des capteurs piézoélectriques). Mais ces progrès ont avant tout été permis par une meilleure connaissance du mode de fonctionnement du corps humain.

Suite : La Prothèse d'Aujourd'hui

 

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